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Sixième étage du siège de l'UNESCO, place Fontenoy à Paris. Dans son bureau, le directeur général, Ko?chiro Matsuura, accueille nos questions avec courtoisie et sans émotion apparente :
Le 6 novembre 2000, vous avez remis à un Fran?ais un prix de l'UNESCO financé par la fondation Sasakawa. Savez vous qui est ce donateur ?
Ko?chiro Matsuura. Oui, je suis japonais, donc je sais qui est monsieur Sasakawa. [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] Sa fondation, respectée mondialement, finance beaucoup d'activités de mécénat. Il s'agit [url=http://www.1855sacramento.com/woolrich.php]woolrich parka[/url] d'un prix sur l'éducation à la paix, un domaine prioritaire de l'UNESCO.

Lorsqu'il est mort, en 1995, le Monde a titré " Disparition du parrain de la pègre et des bonnes ouvres japonaises ".
Ko?chiro Matsuura. Oui, je connais très bien ce qu'il a fait auparavant. Mais je sais ce qu'il a fait après. Ce prix à été mondialement accepté et n'a jamais été critiqué jusqu'ici.

Ce prix Sasakawa, décerné par l'UNESCO, existe depuis une vingtaine d'années. Bien avant l'élection de monsieur Matsuura en 1999, à la direction générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Mais, contrairement à ses prédécesseurs, lui ne peut ignorer qui était le " philanthrope " Ryoichi Sasakawa. Peut-on d'ailleurs distinguer l'avant et l'après de sa vie ?

Outre son passé de criminels de guerre, on lui a prêté le titre de parrain des yakusa, la mafia japonaise. Sa carrière criminelle a failli s'interrompre prématurément au bout d'une corde, en 1945. Arrêté pour crimes de guerre, il échappe au procès de Tokyo (l'équivalent en Asie [url=http://www.vivid-host.com/barbour.htm]www.vivid-host.com/barbour.htm[/url] du procès de Nuremberg) sur l'intervention des ?tats-Unis. Les services secrets américains misent sur lui, lorsque la victoire des communistes devient [url=http://www.rivaluta.it/hot/hogan.asp]hogan outlet[/url] probable en Chine. Sasakawa met ses réseaux occultes (politiques et mafieux) au service de la guerre froide, en échange d'une impunité constante. Il favorise l'expansion de l'" ?glise de l'unification " du " révérent " Sun Myung Moon (la secte Moon), et cofonde avec lui la Ligue anticommuniste mondiale (WACL) en 1966. Ryoichi Sasakawa, dans les années soixante, crée une nébuleuse d'associations à fa?ade caritative. Une stratégie qui ne doit rien à une quelconque rédemption. Il n'a jamais abandonné son idéologie, se vantant peu avant sa mort, d'être " le fasciste le plus riche de la planète ". La fortune de Sasakawa semble inestimable, en milliards de yens. Elle provient, avant guerre, des pillages effectués en Chine par son armée privée. Puis du monopole sur certains jeux (les courses de hors-bord), sans parler des activités traditionnelles des mafias : trafics, corruption, pornographie, tourisme sexuel. · la mort de Ryoichi Sasakawa, à quatre-vingt-seize ans, ses trois fils ont repris et poursuivi le business paternel, dans le crime et dans le mécénat. La fondation Sasakawa (1) est aujourd'hui le principal donateur privé auprès de l'ONU, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'UNESCO. Elle finance, entre autres, le prix des Nations unies pour l'environnement, le prix Sasakawa pour la santé, le prix des Nations unies pour la prévention des catastrophes, etc. Deux rapports internes de l'ONU (avril 1993 et juillet 1996) s'interrogent sur la régularité de l'élection du Japonais Nakajima à la tête de l'OMS. Un fort soup?on de corruption. Et la présence de la généreuse fondation Sasakawa.
Une filiale, la fondation franco-japonaise Sasakawa, s'est installée rue du Cherche-Midi à Paris. · son conseil d'administration siège l'un des fils du " parrain ", Yohei Sasakawa. Cette fondation a même été reconnue [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]nike air jordan pas cher[/url] d'utilité publique en mars 1990 ! Généreuse, elle subventionne des activités du CNRS (2), les Midis musicaux du Thé?tre du Ch?telet ou encore le Festival d'Aix-en-Provence. Il est probable que la plupart des bénéficiaires ignorent l'origine douteuse des fonds qu'ils re?oivent. Cependant, en mars 2002, un [url=http://www.gotprintsigns.com/uggpascher/]bottes ugg pas cher[/url] chercheur du CRNS, Philippe Pelletier, avait démissionné en apprenant que son laboratoire lyonnais, l'Institut d'Asie orientale, était subventionné par la fondation Sasakawa (l'Humanité, 26 mars 2002). Cela n'avait ému ni sa hiérarchie ni les pouvoirs publics. Quant au président de la fondation franco-japonaise Sasakawa, monsieur Tominaga, il nous a déclaré sans rire qu'il ignorait tout du passé de Ryoichi Sasakawa !
L'UNESCO devait en 1999 remplacer son charismatique directeur général Federico Mayor, non rééligible au terme de ses deux mandats. On attendait un lettré égyptien, candidat soutenu notamment par l'Organisation de l'unité africaine. Contre toute attente, ce fut le diplomate Matsuura, ancien ambassadeur du Japon à Paris. Un certain nombre de pays africains avaient, au dernier moment, voté contre leur candidat ! " Ils ont re?u des promesses financières d'une fondation japonaise ", avance un diplomate africain visiblement écouré. Quelle fondation ? Dans un ouvrage récent (3), M. Matsuura explique que, en qualité de responsable de la Coopération économique au ministère des Affaires étrangères du [url=http://www.hanesmorgan.com]hollister outlet[/url] Japon, " il a paru opportun de privilégier la coopération technique et les dons " en Afrique. Des dons ? Lesquels ? · qui ?
· l'enterrement du " parrain " Sasakawa, en 1995, se pressaient des figures de droite, d'extrême droite, et. l'ex-président des ?tats-Unis [url=http://www.buynflticketsonline.com]NFL Tickets[/url] Jimmy Carter ! Rien d'anormal puisque le clan Sasakawa finance la bibliothèque de l'ex-président américain. En retour, la fondation Jimmy-Carter cautionne le programme " Sasakawa-Global 2000 ", qui propose des aides financières à une dizaine de pays, en Afrique. Tout cela peut-il expliquer le retournement de certains votes africains en faveur du candidat du Japon à la tête de l'UNESCO ? La France ne semble pas avoir été absente dans [url=http://www.achbanker.com/home.php]hollister[/url] cette élection. Selon un diplomate fran?ais, " Jacques Chirac apprécie la culture japonaise, et Jospin a laissé faire ".
Dès son entrée en fonctions, Koichiro Maatsura s'est empressé d'effacer toute trace de la gestion de son prédécesseur. La plupart des collaborateurs de Federico Mayor ont été placardisés, harcelés, au mépris du droit du travail fran?ais. " ?a a pris l'allure d'une chasse aux sorcières ", confie l'un d'eux. Les fonctionnaires qui ont accepté de nous parler exigent l'anonymat. Leur peur est perceptible. Ehsan Naraghi, lui, revendique ses propos. Selon cet Iranien, ancien conseiller particulier de Federico Mayor, ce n'est pas une question de " management " : " En réalité, l'UNESCO ne pla?t pas aux pays riches, au G8, qui veut régner en excluant le reste du monde. L'UNESCO est l'une des rares tribunes où pouvaient s'exprimer les pays du tiers-monde. Alors, on liquide l'UNESCO sans le dire. Ses idéaux disparaissent des résolutions prises. Sa gestion devient étroitement bureaucratique, sclérosante. Il n'y a plus de projet. Les crédits ne sont plus utilisés. " L'emblématique Courrier de l'UNESCO, édité en 30 langues (et même en braille), a cessé de para?tre mensuellement. " Un acte anticulturel ", selon l'Iranien Ehsan Naraghi. Une version repoussée par M. Matsuura. " Le Courrier avait perdu beaucoup de lecteurs. Il provoquait chaque année 6 millions de dollars de déficit. " Il para?tra selon une nouvelle présentation, deux fois par an, en 6 langues. Il sera gratuit. " Il s'agit d'une nouvelle stratégie de l'information. Le [url=http://www.1855sacramento.com/woolrich.php]woolrich bologna[/url] conseil exécutif l'a acceptée ", nous dit-il. Pour lui, l'UNESCO réussit sa réforme. La preuve ? Le retour des ?tats-Unis au bercail (voir ci-contre) : " Jamais l'UNESCO [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister sale[/url] n'a été aussi connue. "
Des détracteurs évoquent dans l'entourage du directeur général le r?le occulte de la Soka Gakka? (4), [url=http://www.msc-sahc.org/moncler.asp]moncler doudoune[/url] souvent qualifiée de secte. M. Matsuura nous a dit ne pas en faire partie. Pur hasard, la Soka Gakka? a obtenu en 1983 le statut d'ONG à titre consultatif auprès des Nations unies et un prix de la paix des Nations unies. Financé par ? Le yen n'aurait-il vraiment aucune odeur ?
Serge Garde

?galement nommée Fondation franco-japonaise ou Nippon Foundation.
Comme le colloque " Gestion des crises et réformes de l'?tat en Asie orientale " les 28 et 29 octobre 1999.
La Diplomatie japonaise à l'aube du 21e siècle ", Matsuura Ko?chiro, POF.
Créée en 1930, la Soka Gakka? (" Société créatrice de valeurs ") se réfère au bouddhisme de Nichiren Sh?sh?. Elle revendique une vingtaine de millions d'adeptes dans le monde. En priorité des décideurs économiques ou politiques.

Alors que l'UNESCO réunit son conseil exécutif, des interrogations montent sur les conditions de l'élection surprise du diplomate japonais Matsuura à la directionn générale en 1999. Et sur l'influence d'une mystérieuse fondation japonaise au sein même des instances internationales.

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